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Au Sénégal, le camp d’Ousmane Sonko sous la menace d’arrestations

Alors que doit reprendre le procès de l’opposant à Macky Sall, les interpellations de membres de son parti se multiplient.

Par  (Dakar, correspondance)

Publié le 28 mars 2023 à 19h00, modifié le 28 mars 2023 à 19h00

Temps de Lecture 3 min.

Un portrait d’Ousmane Sonko brandi lors d’une réunion de l’opposition, à Dakar, le 14 mars 2023.

Cinq jours après avoir été arrêté, El Malick Ndiaye est sorti de prison ce lundi 27 mars, un bracelet électronique attaché à la cheville. Le secrétaire national à la communication du Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), parti dirigé par la figure de l’opposition Ousmane Sonko, avait été interpellé le mercredi 22 mars pour diffusion de fausse nouvelle.

En cause, un tweet où il indiquait qu’un « individu habillé [d’un] uniforme de la brigade d’intervention polyvalente [avait] aspergé d’une substance inconnue le président Ousmane Sonko ». L’instruction est toujours en cours, El Malick Ndiaye sera convoqué plus tard pour être entendu sur le fond de l’affaire.

Cette incarcération avait provoqué l’indignation du côté de l’opposition alors que les arrestations se multiplient. « En plus de M. Ndiaye, nous comptons deux autres membres du bureau politique et deux membres du cabinet, dont un en charge de la sécurité qui a été mis récemment en résidence surveillée avec un bracelet électronique. Plus une vingtaine de nos coordonnateurs départementaux des jeunes patriotes. Au total, ce sont plus de 400 membres du parti qui ont été arrêtés à travers le pays », précise Ousseynou Ly, membre du secrétariat national à la communication du Pastef.

« Dérives du pouvoir » ?

Un décompte sur lequel Amnesty International est aussi en train de travailler – sans pouvoir donner de chiffres pour le moment. Seydi Gassama, le directeur exécutif au Sénégal, remarque tout de même que les incarcérations sont plus nombreuses qu’en mars 2021, au moment des émeutes provoquées par l’arrestation d’Ousmane Sonko pour trouble à l’ordre public alors qu’il était en chemin pour le tribunal dans l’affaire de viols qui l’oppose à une employée de salon de massage.

« Le but est de dissuader toute manifestation, alors que Macky Sall laisse planer le doute sur sa troisième candidature à l’élection présidentielle de 2024 », anticipe le militant des droits humains. Il rappelle tout de même que des arrestations préventives avaient aussi été constatées en 2011-2012, à la fin du mandat de l’ancien président Abdoulaye Wade et à la veille de la présidentielle où a été élu l’actuel chef de l’Etat.

Cette fois-ci, les motifs des délits se répètent selon MAbdoulaye Tall, avocat et membre du Pastef : trouble à l’ordre public, diffusion de fausse nouvelle, atteinte à la sûreté de l’Etat, diffamation. Des accusations qui se fondent sur des propos souvent tenus sur les pages officielles des réseaux sociaux de ces personnalités politiques, où elles dénoncent des « dérives du pouvoir ». Par exemple, Mouhamed Bilal Diatta, maire de Keur Massar Sud en banlieue de Dakar, a été arrêté pour appel à l’insurrection et offense au chef de l’Etat après avoir dit à des jeunes d’entrer en résistance.

L’avocat MTall note tout de même que, dans les régions, les personnes arrêtées sont passées en audience de flagrant délit et ont rapidement été libérées ou relaxées. Mais, à Dakar, « les personnes arrêtées sont traduites devant le juge d’instruction pour pouvoir les garder sous mandat de dépôt », selon lui. « C’est une atteinte à la libre expression, l’objectif est de décourager les acteurs politiques et de démanteler le Pastef », plaide MTall.

Le Pastef visé et non l’opposition

Son président, Ousmane Sonko, actuel maire de Ziguinchor et arrivé troisième lors de l’élection présidentielle de 2019, est l’une des figures les plus populaires de l’opposition qui accuse le régime en place de vouloir le sortir de l’arène politique et l’écarter de la course à la présidentielle de 2024, à laquelle il s’est déjà porté candidat.

« La coalition fustige ces pratiques antidémocratiques », soutient Déthié Fall, président du parti d’opposition républicain pour le progrès et l’un des leaders de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi à laquelle appartient le Pastef. Des marches sont d’ailleurs prévues les 29 et 30 mars, la veille et le jour du procès d’Ousmane Sonko, poursuivi pour diffamation par le ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang, ainsi que le 3 avril, la veille de la fête nationale sénégalaise, pour dire « halte aux arrestations arbitraires » et pour demander la libération des « otages politiques ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Sénégal, turbulences en vue pour la fin de mandat de Macky Sall

Mais pour Pape Mahaw Diouf, porte-parole de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, ces arrestations n’ont pourtant rien de politique. « Ces personnes ne sont pas arrêtées pour des délits d’opinion, d’expression ou de conscience, ce sont des faits concrets qui sont liés à des diffusions de fausses nouvelles ou à des troubles à l’ordre public voire à la limite d’actes de terrorisme qui menacent la république du Sénégal », note-t-il. Mais il précise que c’est bien le parti le Pastef qui est concerné par les arrestations et non l’opposition. « Ce parti a un style violent, verbalement comme physiquement qui est dangereux pour notre démocratie. Il faut l’extirper de la vie politique sénégalaise », assume l’homme politique.

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